La grotte de Castelbouc
Une grotte et des traces de Sauropodes
Vous voilà prêt à plonger dans la grotte de Castelbouc, pour découvrir une histoire écrite il y a 168 000 000 d’années. Notre terre ne possède alors qu’un unique continent : la Pangée, bordée d’un seul océan : Thétis. Les paysages aujourd’hui disparus sont bien différents de ceux que nous contemplons actuellement. En plein cœur du département de la Lozère, dans les actuelles gorges du Tarn, se trouvent alors des mangroves, des lagunes, des mers peu profondes avec des plages bordées de hauts conifères. Dans ces temps révolus cohabitent les titanosaures. Ce sont les plus gros êtres vivants que notre terre a connus.
La dérive des continents, aidée des temps millénaires a lentement soulevé le massif central. Les terres immergées culminent aujourd’hui à plus de 1000 mètres d’altitude. Les grands causses, ces massifs calcaires fracturés ont laissé pénétrer en leur sein les eaux acides de surface. En drainant ces précipitations, les grottes, gouffres, avens ont étendu leur réseau. Pendant des millions d’années, les vides souterrains ont attendu dans un silence religieux la venue des spéléologues…
La Grotte de Castelbouc N°4
Dans la grotte de Castelbouc N°4, il n’y a pas de fossiles de dinosaures. Dans l’immensité de la galerie du Tunnel, rien ne nous laisse présager le passage de reptiles géants. Cachées dans la nuit éternelle un trésor paléontologique existe. Il est là, non pas sous vos pieds, mais étonnamment au plafond. De faibles démarcations trahissent, sous un éclairage rasant, la venue de trois herbivores géants : des sauropodes.
Les Contre-empreintes les plus importantes font 1.40m de diamètre. Le micro ombrage réalisé avec des lampes frontales permettent de les mettre en évidence.
Imaginés, encore, des reptiles au long cou mesurant 50,00 m de long et pesant 30 tonnes. Dans leur déplacement, le poids de leur corps a enfoncé le sol. L’histoire nous est aujourd’hui transmise.
Pour vous la raconter, il faudrait que vous soyez accompagné du paléontologue Jean-David Moreau. Avec son équipe scientifique, il est à l’origine de la découverte. Il est une des rares personnes à pouvoir vous la décrire. En 2018, Jean-David fait appel à mes services de photographe souterrain pour restituer, par l’image, ce patrimoine remarquable et unique au monde. Les photos sont publiées dans les revues scientifiques Nature, Science, Journal of Vertebrate Paleontology puis font le tour du monde dans plus de 20 publications : la Lozère souterraine rayonne.
Une copie numérique de la grotte
23 Janvier 2023, nous nous retrouvons à nouveau ensemble avec pour projet de numériser le tunnel le plus précisément possible. L’objectif principale et de numériser les contre-empreintes pour les positionner dans l’espace. En second scanner toute la stratigraphie environnante. Mon entreprise étend ces services dans l’imagerie de pointe en milieu souterrain. Depuis deux ans, je travaille sur le process de lasergrammétrie couplé à l’image panoramique. Deux mondes qui s’assemblent pour former un monde virtuel, partageable, passionnant et surtout plein d’avenir. Nous parlons de copie numérique ou encore de jumeau numérique. Comme une photographie l’acquisition stoppe le temps, je fige alors un paysage tel qu’il est à un « instant t ». La grotte étant en perpétuelle transformation ce travail est une sauvegarde pour les générations futures.
Ci-dessus deux captures d’écran de la cavité modélisée. La première vue montre la grotte vue de dessus, la seconde montre une tranche de la galerie en perspective.
Un scanner haute performance
Pour ce travail de numérisation, il faut une grande précision et une résolution importante. La salle mesure 70.00 m de long et a une section moyenne de 15.00 m de large par 12.00 m de haut. Sur le marché actuel, un scanner statique répond pleinement au milieu souterrain : le Leica Geosystems RTC360. Il offre en plus de sa précision une rapidité d’exécution tout en restant extrêmement compact. En milieu souterrain, il me faut du matériel adapté pour franchir les passages bas que je rencontre couramment.
Un éclairage à 360°
Méandre Technologie conçoit des solutions d’éclairages pour les scanners par lasergrammétrie et par photogrammétrie. C’est tout naturellement que ma société s’est tournée vers cette entreprise dédiée à l’éclairage à usage professionnel. En plus de l’éclairage dédié au Leica RTC360, nous avons équipé la salle de 12 blocs délivrant chacun 4 500 lumens afin de maintenir une homogénéité d’éclairage pour respecter la même colorimétrie entre chaque station.
Des restitutions numériques
Outre le fait que Castelbouc est devenue numériquement accessible par la réalité virtuelle, les représentations graphiques des empreintes de dinosaures peuvent prendre des formes très différentes.
Ci-dessous : un exemple graphique de la représentation de la planimétrie. Les outils de calcul fournis par Leïca Geosystems permettent très rapidement d’avoir des modèles visuels pour aider à comprendre la vue d’un environnement complexe.
Des restitutions numériques
Le journal télévisé national TF1 souhaitait couvrir l’évènement de la numérisation de la Grotte de Castelbouc. Les images tournées en off ont permis de réaliser un documentaire pour expliquer plus en détail cette découverte extraordinaire. Le tournage et le montage a été assuré par Thibault.
Une telle aventure ne peut se réaliser que bien accompagné
Je tiens à remercier, Jean-David, Lalou, Ben’s, Philippe, Jimmy, Didier, Vincent et Thibault pour l’aide au portage et pour l’apport de connaissance dont ils ont fait preuve de partage.